Portobelo : Joyau historique sur la mer des Caraïbes
Nichée sur la côte nord du Panama, dans les eaux turquoise de la mer des Caraïbes, Portobelo est une petite ville chargée d’histoire et d’âme. C’est Christophe Colomb lui-même qui lui donna ce nom en 1502, émerveillé par la beauté naturelle de ce “port beau”. Aujourd’hui, ce port paisible continue de raconter l’histoire vibrante du passé colonial espagnol, des luttes de liberté et de la richesse culturelle afro-antillaise.
Les fortifications et les canons de Portobelo
L’un des symboles les plus marquants de Portobelo, ce sont ses forts en ruines surplombant la baie. Classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, ces vestiges sont les témoins d’une époque où Portobelo était un point névralgique pour les Espagnols : une plaque tournante pour l’exportation de l’or et de l’argent en provenance d’Amérique du Sud. Pour défendre cette richesse, les Espagnols ont construit plusieurs fortifications et y ont installé des canons comme ceux visibles sur la photo. Massifs, en fonte, tournés vers la mer, ils servaient à protéger le port contre les attaques de pirates, très fréquentes au XVIIe et XVIIIe siècles. Le plus célèbre d’entre eux, le capitaine Henry Morgan, a même réussi à piller la ville en 1668.
L’Église du Christ Noir : foi et mystère
Au cœur du village se dresse une église à la façade blanche et violette : l’Iglesia de San Felipe, où réside la statue du célèbre Christ noir de Portobelo – appelé El Cristo Negro ou encore Nazareno. Cette statue en bois foncé, mystérieuse et vénérée, attire chaque année des milliers de pèlerins. On raconte que le Christ noir serait arrivé par la mer, transporté par une barque sans rameur… une légende qui renforce encore son aura sacrée.
Chaque 21 octobre, la Fiesta del Cristo Negro transforme la région : des milliers de fidèles, certains marchant pieds nus ou à genoux depuis des dizaines de kilomètres, affluent vers Portobelo vêtus de violet, couleur de pénitence. Ce pèlerinage mêle ferveur religieuse, chants, tambours et processions impressionnantes, dans une ambiance à la fois solennelle et profondément humaine.
La culture Congo : mémoire vivante de la résistance
Mais Portobelo, ce n’est pas que l’histoire coloniale : c’est aussi la culture afro-panaméenne qui y bat son plein, notamment à travers le peuple Congo. Descendants d’esclaves africains, les Congos ont développé une culture unique de résistance, mêlant danse, musique, théâtre et costumes colorés. Leurs danses satiriques et leurs mascarades racontent les souffrances et les luttes de leurs ancêtres, souvent avec humour et créativité.
Les traditions congo sont transmises de génération en génération, notamment lors des festivals de février et mars, où la ville s’anime de rythmes de tambours, de personnages grotesques et de scènes théâtrales inspirées de l’histoire coloniale.